Une ville aussi ancienne que Paris abonde forcément de mystères et de légendes hérités du passé. Leur résonance a été telle qu’ils ont désormais presque fait le tour du monde et suscitent toujours la curiosité des visiteurs. Les vieilles rues sombres de la capitale regorgent d’anecdotes bizarres et de rumeurs effrayantes… monstres, fantômes, malédictions ou personnages sanglants, prenez votre courage à deux mains et partez à la découverte des mythes et histoires urbaines les plus obscurs de Paris. Ouvrez bien les yeux, vous trouverez peut-être des indices qui vous confirmeront leur existence !
SOMMAIRE
01. Belphégor, le fantôme du Louvre
02. Jean l’écorcheur, l’homme rouge des Tuileries
03. La prédiction de Côme Ruggieri, l’astrologue de la reine
04. La légende des rois maudits
05. Le trésor de la statue équestre d’Henri IV
06. Le crocodile des égouts
07. La Cour des Miracles
08. La légende de Biscornet et l’orfèvrerie du Diable
09. La légende du barbier et du pâtissier sanguinaires
10. Les feux de la Saint-Jean, sale temps pour les chats
11. La malédiction du gitan de la rue de Bièvre
12. Le scandale de la tour de Nesle
13. La chèvre amoureuse du pont Saint-Michel
14. Aller au diable Vauvert
15. Le fantôme de l’Opéra Garnier
16. La maison hantée du 1 avenue Frochot
17. Le vampire de Montparnasse
18. Philibert Aspairt, la légende des catacombes
19. L’homme à la redingote
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BELPHÉGOR, LE FANTÔME DU LOUVRE
S’il n’y avait pas eu cette série télévisée de Claude Barma dans les années 60, personne n’aurait sans doute entendu parler du fantôme du Louvre, un certain… Belphégor, qui est devenu pour beaucoup aussi célèbre que la Joconde.
Dans l’Ancien Testament, Belphégor est une divinité moabite (royaume anciennement situé dans l’actuelle Jordanie), adorée sur le mont Phégor. Il apparaît également dans le christianisme comme un personnage démoniaque qui manipule ses victimes en leur inspirant des inventions ingénieuses censées leur rapporter de l’argent. Selon la légende, l’esprit de cette divinité serait venu prendre possession du corps de l’une des momies du Louvre et sèmerait la terreur dans les galeries du musée : meurtres étranges, objets dérobés, vitres brisées… alors si, lors de votre prochaine visite au Louvre, vous croisez une longue silhouette noire portant un masque de cuir, il est préférable de fuir.
Voguant sur la même veine que la malédiction de la momie, la légende de Belphégor a encore de belles peurs devant elle !
JEAN L’ÉCORCHEUR, L’HOMME ROUGE DES TUILERIES
Au palais des Tuileries, on raconte que le fantôme d’un homme rouge apparaissait aux maîtres des lieux la veille des drames et des désastres.
Cet homme, c’est Jean l’Écorcheur, un boucher qui travaillait dans un abattoir. Il aurait été égorgé par un certain Neuville, sur demande de Catherine de Médicis, au motif qu’il savait trop de secrets sur la reine. On raconte que Jean, refusant d’être exproprié par la reine, qui en 1564 voulait construire son son Palais (proche du Louvre) à l’emplacement des fabriques de tuiles et des abattoirs, aurait colporté des rumeurs sur cette dernière. On dit également que la reine, pour pratiquer ses actes de sorcellerie, se fournissait en viscères chez Jean et qu’elle ne lui aurait pas pardonné ses bavardages…
Neuville dû si reprendre à trois fois pour occire Jean. Avant de mourir, ce dernier se serait écrié « Je reviendrai !« . Promesse tenue, puisqu’il apparaîtra le soir même dans un nuage de fumée rouge à l’astrologue de la reine, Côme Ruggieri. Se prétendant dépositaire de l’avenir des Tuileries, il prédit qu’il allait en chasser Catherine et qu’elle mourrait « près de Saint-Germain ». Le fantôme annonça aussi les déchéances successives des maîtres du château. Il se manifesta quelques jours plus tard à Catherine qui, dès le lendemain, quitta les Tuileries et ne revint jamais.
Le temps passa et l’histoire s’estompa dans les esprits, jusqu’en juillet 1792, quand la reine Marie-Antoinette vit se dessiner la silhouette d’un homme couvert de sang. La reine pensa avoir aperçu le spectre de Jean Lerouge, qui quelques jours auparavant, avait hissé au bout d’une pique le cœur d’un veau en criant « cœur d’aristocrate ». Quelques jours plus tard, la famille royale fut conduite à la prison du Temple puis guillotinée en 1793. En 1815, c’est à Napoléon Ier qu’une silhouette rouge portant, cette fois, un bonnet phrygien apparaît, quelques semaines avant la bataille de Waterloo. Enfin, le fantôme apparut en 1824 à Louis XVIII et à son frère, le comte d’Artois, quelques jours avant la mort du premier. Les prophéties de l’homme rouge étaient implacables.
Le fantôme de l’homme rouge fut aperçu pour la dernière fois à l’une des fenêtres du palais par plusieurs Communards, la nuit de l’incendie des Tuileries le 23 mai 1871, avant de disparaître totalement avec le bâtiment (le palais fut ravagé par les flammes pendant trois jours).
LE SAVIEZ-VOUS ? Aujourd’hui, de l’ancien palais des Tuileries, il ne subsiste que deux annexes datant de 1853, à l’autre bout du jardin (côté Concorde) : l’Orangerie et le Jeu de Paume.
LA PRÉDICTION DE CÔME RUGGIERI, L’ASTROLOGUE DE LA REINE
Très superstitieuse, Catherine de Médicis ne pouvait prendre aucune décision sans consulter ses astrologues. L’histoire de la prophétie de sa mort est fameuse : vers 1571, c’est son astrologue personnel, Côme Ruggieri, qui lui annonce qu’elle va mourir « près de Saint-Germain » (après avoir eu la vision de l’Homme Rouge). Pour la reine, ces mots semblent tomber comme un couperet. Dès lors, la reine va s’atteler à fuir tous les lieux, villages, et paroisses portant le nom de Saint-Germain : elle s’éloignera de la résidence de Saint-Germain-en-Laye (résidence favorite de François 1er), fuira comme la peste l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et quittera brusquement son palais des Tuileries, alors en pleine construction, car dépendant de la paroisse de Saint-Germain-L’Auxerrois.
Une fois toutes ces dispositions prisent elle se fait construire un nouvel Hôtel particulier, l’Hôtel de Soissons, à quelques mètres du Louvre et des Tuileries (à l’emplacement actuel des Halles). Son nouvel hôtel possède des galeries luxueuses, des salles de réception richement décorées et, surtout, une étrange tour de 31 mètres du haut de laquelle, dit-on, Côme Ruggieri se plaît à scruter les étoiles. Cette tour, ou « colonne Médicis » est d’ailleurs aujourd’hui le dernier vestige de la demeure royale.
Quelques années plus tard la reine, alors âgée de 70 ans (âge très rare pour l’époque), tombe malade au château de Blois. Se préparant au pire son fils demande à ce que sa mère voit un prêtre. Catherine prend cette décision à la légère, et n’a guère peur ; la prédiction était claire : elle mourrait à Saint Germain, non pas à Blois ! Un jeune abbé du château lui donna donc l’extrême-onction le 15 janvier 1589. Au moment où il se présenta à la reine, son nom provoqua la prostration puis la mort de cette dernière quelques semaines plus tard : Julien de Saint-Germain !
Pendant 20 ans, Catherine de Médicis aura passé sa vie à fuir Saint-Germain et à se protéger de la prophétie de son astrologue, mais elle se fait finalement rattraper par son destin.
LA LÉGENDE DES ROIS MAUDITS
Au début du 14ème siècle, Paris a été le théâtre de l’un des procès les plus spectaculaires de l’histoire. Cherchant désespérément à renflouer les caisses de l’Etat, le roi Philippe le Bel décide de dépouiller le très apprécié et célèbre Ordre du Temple, qui multiplie les bonnes actions et qui détient surtout de grandes richesses. Allié avec le Pape Clément V qui décide de dissoudre l’Ordre, Philippe le Bel fait arrêter collectivement et dans toutes la France les principaux membres du Temple le vendredi 13 octobre 1307. Lors d’un procès retentissant, les templiers sont accusés de trois fautes plus que douteuses : reniement du Christ, adoration d’une idole (une tête de chat) et pratique de la sodomie.
L’épilogue de cette longue procédure judiciaire est bien connu : le 18 mars 1314, Jacques de Molay, dernier grand maître de l’ordre et emprisonné depuis maintenant 7 ans, est brûlé non loin de l’île de la Cité, sur l’île aux Juifs (l’actuel square du Vert-Galant). Au moment de mourir, il aurait prononcé une malédiction rendue célèbre par la série de romans de Maurice Druon, Les Rois Maudits : « Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treizième génération de vos races ! »
Un mois après, le 20 avril, le pape Clément V meurt malade, après avoir ingurgité un plat d’émeraudes censées le guérir. Le 29 novembre, c’est au tour de Philippe le Bel de trépasser : celui qu’on appelait le Roi de fer meurt à 46 ans, en pleine force de l’âge, d’une attaque cérébrale. Alors que sa succession était assurée, les fils du roi, qui se relayent sur le trône de 1314 à 1328, meurent tous précocement et sans héritier, mettant fin à la dynastie des Capétiens. Victimes du sort jeté par Jacques de Molay ? Mythe ou réalité ? Aucun document ne viennent confirmer que le Grand Maître a bel et bien prononcé ces paroles. Dans le square, une simple plaque commémorative rappelle les événements qui eurent lieu ce 18 mars 1314.
LE SAVIEZ-VOUS ? C’est bien ce vendredi 13 qui sera à l’origine d’une croyance populaire, de bon ou de mauvais présage, qui persiste encore aujourd’hui, 700 ans après.
LE TRÉSOR DE LA STATUE ÉQUESTRE D’HENRI IV
Au milieu du Pont Neuf, surplombant le square du Vert-Galant, se situe l’une des plus célèbres statues de Paris, la statue équestre d’Henri IV. C’est la reine Marie de Médicis, épouse d’Henri IV, qui en 1604, est à l’origine du projet. Malheureusement la statue ne sera inaugurée qu’en 1614, soit quatre an après la mort du roi. Les parisiens se pressent pour voir cette œuvre, mais l’engouement ne dure pas, puisque la statue est abattue pendant la Révolution. Le 25 août 1818 (période de restauration de la monarchie) est inaugurée par l’éphémère Roi Louis XVIII une nouvelle (et toujours actuelle) statue équestre d’Henri, symbole pour lui de reconquête royale. Dès lors une légende tenace traversa les siècles : la rumeur populaire disait alors que le ciseleur de cette nouvelle statue, un certain Mesnel, était bonapartiste et aurait caché, en plus des médailles et des procès-verbaux d’inauguration de la statue, des textes anti-royalistes et une statuette de Napoléon 1er à l’intérieur !
La légende est enfin devenue réalité, puisqu’en 2004, à l’occasion d’une restauration de la statue, on est allé fouiller dans les entrailles du cheval et du cavalier et on y a découvert tous les éléments précités, à l’exception des pamphlets anti-royalistes et de la statuette de Napoléon 1er. Un exemplaire des Économies royales de Sully, un autre de la Henriade de Voltaire, et enfin une Histoire d’Henri le Grand de Péréfixe étaient également cachés dans la statue.
LE CROCODILE DES ÉGOUTS
Tous les Parisiens connaissent cette légende urbaine : un crocodile habiterait dans les souterrains de la capitale. Même si les égouts parisiens sont plutôt connus pour abriter des rats que des reptiles, cette histoire est loin d’être une fable. C’est en 1984 que les égoutiers travaillant au niveau du Pont-Neuf sont tombés nez à nez sur un crocodile du Nil mesurant plus de 75 cm de long. Vite attrapé par les pompiers, l’animal, rebaptisé Éléonore, a été transféré à l’aquarium de Vannes où il coule des jours heureux. Il mesure désormais 3 mètres de long et pèse plus de 200 kg. A ce jour Éléonore est le seul crocodile a avoir vraiment vécu dans les souterrains parisiens ; la rumeur de reptiles s’échappant des égouts suite aux inondations de juin 2016 était un canular d’un site parodiant l’actualité scientifique.
LA COUR DES MIRACLES
Une Cour des Miracles est un endroit qui trouve son origine au Moyen-Âge ; elle désigne un lieu de non-droits abritant les reclus de la société traditionnelle. Les habitants de la ville de Paris ne s’y aventuraient jamais. Il n’existait pas une unique Cour des Miracles, mais un réseau de lieux malfamés et, au début du 18ème siècle, on pouvait en dénombrer douze au moins à Paris (et on en trouvait une au moins dans chacune des grandes villes de France).
Les lieux étaient habités par des mendiants, des infirmes, des prostituées, des voleurs, et des vieillards formant une curieuse collectivité. En réalité, à la nuit tombée, tout ce beau monde disparaissait dans la Cour des miracles, et là, une fois entré, le boiteux marchait droit, le paralytique dansait, l’aveugle voyait, le sourd entendait, les vieillards même étaient rajeunis. C’est à ces subites et nombreuses métamorphoses de chaque jour que ces cours devaient leur nom. La Cour des Miracles n’était donc qu’un théâtre destiné à apitoyer les bourgeois afin d’avoir l’aumône la journée.
Une Cour des Miracles est composée d’une faune très organisée et hiérarchisée, chaque mendiant ayant un rôle bien précis dans l’organisation et chaque handicap contrefait, conférant un statut bien particulier au mendiant et lui donnant une place dans l’organigramme général de l’Argot (la corporation des gueux) : le « piètre » paraît estropié, le « franc-mitou » prend l’aspect d’un grand malade, le « sabouleux » simule des crises d’épilepsie, le « malingreux » s’est couvert la peau de plaies et de pustules factices, le « drille » est en tenue de soldat et exhibe de fausses mutilations, le « coquillard » porte une coquille Saint-Jacques et demande l’aumône pour financer son prétendu pèlerinage à Compostelle… Les voleurs ont aussi leurs noms, tels que « vide-gousset », « tire-laine » et autre « chapardeur ». Le « limouseur » revend le plomb arraché aux toits, le « bonneteur » possède un tour de main qui lui permet de gagner aux cartes, « l’anguilleuse » escamote des objets dans les boutiques. Quant aux prostituées, on les classe par catégories : la « pontonnière » officie sous les ponts et la « pierreuse » exerce son art dans les chantiers ou les terrains vagues…
La Cour des Miracles, de par son organisation et sa hiérarchie parfaitement rodée va inquiéter le pouvoir royal de l’époque qui va tenter de mettre fin à cette société secrète. En 1630, Louis XIII ordonne ainsi la construction d’une rue traversant la Grande Cour des Miracles (dite fief d’Alby) de part en part. Mais une partie des maçons est assassinée avant la fin du projet. En 1667, Louis XIV charge le lieutenant général de police de Paris, Gabriel Nicolas de La Reynie, de détruire les divers centres de délinquance qui gangrènent la capitale : 60.000 mendiants et estropiés sont marqués au fer rouge et envoyés aux galères. Une démonstration de force qui ne trouve pas d’effet dans la durée puisque les voleurs et mendiants reprennent petit à petit possession des lieux. Il faudra attendre 1784 et un édit royal pour mettre fin à la Grande Cour des Miracles.
LE SAVIEZ-VOUS ? La langue parlée à la Cour des Miracles est l’argot ; c’est d’ailleurs le premier usage connu de ce mot. Le chef est le « roi des argotiers », parfois nommé « Grand Coësre » (mot peut-être d’origine persane) ou « roi de Thune », la thune étant la pièce de monnaie qu’on donne aux mendiants. Il prélève un impôt : tout membre de la corporation doit lui céder une part de ce qu’il a gagné dans la journée. Cette cagnotte permet à la communauté de boire et de festoyer tous les soirs.
La Grande Cour des Miracles de Paris abrita près de 4 000 personnes à l’époque. Elle était située, entre la rue du Caire et la rue Réaumur, dans l’actuel 2ème arrondissement de Paris.
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LA LÉGENDE DE BISCORNET ET L’ORFÈVRERIE DU DIABLE
L’histoire se déroule au 13ème siècle, Biscornet, jeune forgeron, accepte la lourde tâche de façonner les ferronneries des portes latérales de la Cathédrale Notre-Dame avant son inauguration. Biscornet se met à la tâche, mais réalise vite qu’elle est trop difficile pour être accomplie seul. Une nuit devant sa forge, son désespoir est tel qu’il hurle « Au Diable ! ». Aussitôt aurait surgi le Malin, qui lui propose un pacte : de belles ferrures contre son âme. Au matin, en s’éveillant, Biscornet trouve le travail achevé, des ferrures aussi extraordinaires que celles imaginées ! Ces admirables arabesques florales, ces soudures invisibles, ces têtes d’animaux si finement ciselées, si délicatement forgées au marteau… l’ouvrage est si fin que personne, même les meilleurs forgerons, ne reconnaît la technique utilisée. Ce ne pouvait être que l’œuvre du Diable ! À la vue de cet incroyable résultat, les religieux sont ébahis. Mais hélas, le jour de l’inauguration, les fameuses portes refusent de s’ouvrir. C’est à coup d’exorcisme et d’eau bénite qu’on arrivera enfin à entrer dans la cathédrale. Biscornet paya sa dette au Diable puisque la mort le frappa quelques temps après la réalisation de son œuvre, emportant avec lui le secret de son mystérieux savoir-faire…
Au 19ème siècle, quand Eugène Viollet-Le-Duc entreprit la restauration de Notre Dame de Paris, il fut lui-même étonné de la splendeur de la réalisation de Biscornet. Le fait est que depuis, on sait comment réaliser ce type d’ouvrage et quelles sont les difficultés que cela représente. Il est très difficile de réaliser, même de nos jours avec nos techniques et nos connaissances modernes, un chef-d’œuvre aussi remarquable. On peut comprendre alors l’étonnement et la surprise que les ferrures de Biscornet ont pu provoquer à une époque comme celle du 13è siècle où la ferveur religieuse était omniprésente. Elle a été associée à l’intervention du Diable car cela paraissait inconcevable qu’elle ait été le résultat du travail d’un simple humain. On peut alors se demander pourquoi, en ces temps de grande croyance religieuse, ces ferronneries (ou pentures) ont été conservées.
De nos jours, seule la porte latérale de gauche qui donne sur le parvis conserve les ferronneries d’origine, les autres ont été remplacées.
LE SAVIEZ-VOUS ? À l’origine, la porte principale, réservée aux cortèges religieux et au Saint-Sacrement, ne possédait pas de décoration. Le diable n’aurait en effet pas osé y toucher ! C’est pourquoi cette entrée sera baptisée “portes du diable” car elle repousse, paraît-il, toute tentative de fixation de ferrures. Ce n’est qu’au 19ème siècle que le charme est rompu avec l’intervention du maître ferronnier Pierre Boulanger en 1867, dans le cadre de la restauration menée par Viollet-le-Duc. Pour retrouver la technique employée par Biscornet, Boulanger travaille pendant 12 ans. Il exécute 10 pièces pour lesquelles il utilise 500 kilos de fer. Fier de sa prouesse technique, le ferronnier a signé de son nom le dos des panneaux, pour prouver qu’il s’agit bien de l’œuvre d’un homme, et non du diable.
LA LÉGENDE DU BARBIER ET DU PÂTISSIER SANGUINAIRES
L’Ile de la Cité abrite une légende tellement incroyable qu’elle a inspiré les Chroniques de l’historien Du Breul et le scénario du film de Tim Burton : Sweeney Todd.
En 1387, la rue des Marmousets (actuelle rue Chanoinesse) est l’adresse où tout le gratin parisien, noblesse et clergé, se procure les meilleurs pâtés du tout Paris. Le roi Charles VI lui-même en aurait été amateur. A côté de ce pâtissier réputé, les chanoines logent des étudiants, souvent étrangers, venus étudier à la célèbre Sorbonne, et entre les deux, se trouve un barbier, qui a pour clients les nombreux étudiants du quartier. De temps en temps un étudiant disparaît, mais on pense alors qu’il est retourné dans son pays ou qu’il a été victime de truands, très nombreux à cette époque.
Un jour un étudiant allemand disparaît et est pleuré des jours durant par son chien, hurlant à la mort devant la boutique du pâtissier de l’île. Il alerta le voisinage et la maréchaussée, et les habitants du quartier percèrent alors le mystère, horrifiés : le barbier égorgeait de temps en temps un jeune client et basculait son corps dans une cave communiquant avec la boutique du pâtissier. Hachée, épicée, cette chair humaine entrait dans la composition des petits pâtés si appréciés. On découvrit dans la cave pestilentielle du pâtissier des morceaux de corps humains et les outils qui servirent à les démembrer.
Les deux assassins furent brûlés vifs et conformément à l’usage, les maisons où les crimes eurent lieu furent rasées. Aujourd’hui à l’emplacement de ces maisons on trouve le garage des policiers motocyclistes de l’Île de la Cité. Il ne reste qu’un seul supposé vestige (les policiers autorisent la « visite ») : une pierre au fond du garage qui pourrait être un reste du fameux billot de découpe du pâtissier fou !
Longtemps, le cruel pâtissier endossa le rôle du père Fouettard dans les histoires des parents pour faire peur aux enfants.
LES FEUX DE LA SAINT-JEAN, SALE TEMPS POUR LES CHATS
Au milieu du mois de juin, la France fêtait la venue de l’été, avec de nombreux feux. Cela se déroulait le jour de la Saint Jean, le 24 juin. A Paris cela se passait sur la place de Grève, l’actuel parvis de l’hôtel de Ville. Même si l’inspiration était antique, elle associait le clergé qui y prenait une grande part. Ainsi des clercs bénissaient le feu. A la fin, les parisiens ramassaient des morceaux de charbon qu’ils utilisaient comme porte bonheur. Contre la foudre ! Contre les maladies ! On pouvait même les utiliser pour purifier un puits.
Mais chaque année, lors de cette fête, une cérémonie étrange avait lieu. Les magistrats de la ville faisaient entasser des fagots au milieu desquels était planté un arbre de 30 mètres de hauteur, orné de bouquets, de couronnes et de guirlandes de roses. On attachait à l’arbre un panier qui contenait deux douzaines de chats et un renard (« pour donner plaisir à sa majesté »). De coutume c’est le roi qui allumait le feu avec des torches de cire. Les chats étaient brûlés vifs au milieu des acclamations de la foule. La technique qui faisait le plus rire la foule en délire consistait à mettre les chats dans un sac qu’on descendait et remontait au-dessus des flammes jusqu’à ce que leurs hurlements s’arrêtent. C’est Louis XIV qui finit par interdire cette pratique. Elle persista pourtant encore un siècle et demi et ne disparut qu’avec la Révolution.
Alors pourquoi cette chasse aux chats ? Car on y voyait l’œuvre du diable et des sorcières. En effet les weekends de Saint-Jean, on constatait qu’un plus grand nombre de chats qu’à l’habitude sortait dans les rues des villes. Étrange ? Pas tant que ça, lorsque l’on sait que le plat principal dégustait lors de cette fête n’était autre que des grillades de … sardines.
En France c’est près de 400 chats qui ont été brûles chaque année… conséquence, une recrudescence des maladies et notamment de la peste, dû à la prolifération des rats dans les villes !
LE SAVIEZ-VOUS ? La place de Grève est à l’origine du mot « grève », qui désigne un arrêt volontaire du travail. Cette place, qui tire son nom du fait qu’elle était bordée d’une plage de sable et de gravier, était l’un des principaux ports d’accostage des bateaux qui ravitaillaient la ville en bois, en blé et en vin. Un marché s’installa à proximité. Aussi les hommes sans emploi y trouvaient-ils facilement du travail. L’expression « faire grève » a donc d’abord signifié « se tenir sur la place de Grève en attendant de l’ouvrage » avant d’évoluer vers le sens qu’on lui connaît aujourd’hui, à savoir cesser le travail.
LA MALÉDICTION DU GITAN DE LA RUE DE BIÈVRE
1 bis, rue de Bièvre, au « Père Hubert ». Valentin, vigneron de Saône-et-Loire, abandonne ses vignes pour reprendre ce bistrot dont il a hérité et débarque avec ses valises et sa femme, Paulette. Le temps passe et voilà un jour qu’il trouve Paulette, attablée avec un gitan en vadrouille, qui lui tire les cartes. Un brin jaloux, Valentin expulse l’homme de passage, à l’aide de son chien, qui montre les crocs. L’étranger part donc en marmonnant des mots incompréhensibles et pointe du doigt l’animal. Quelques jours plus tard, l’animal meurt des suites d’une pelade. Valentin, convaincu que le gitan lui a jeté un sort et qu’il l’a tué, le menace d’un couteau lorsque celui-ci réapparaît. Même scène : l’homme prononce quelques paroles étranges, tend ses mains vers le tenancier, qui meurt après d’horribles souffrances de la même maladie que son chien. Paulette s’en ira plus tard au bras du gitan.
1943, le bâtiment, à l’abandon, menace de s’écrouler. Les Allemands décident de le faire raser et envoient deux vagues d’ouvriers qui, eux aussi, sont pris d’un violent mal mystérieux et finiront tous par mourir. La maison détruite depuis 74 ans a aujourd’hui laissé place à un terrain vague. En jetant un coup d’œil derrière les grilles à la tombée du jour, seule une voiture immatriculée 666 (ça ne s’invente pas) était garée sur le terrain… Personne, malgré les nombreuses tentatives de mise en vente, n’a osé construire sur ce qui est désormais un terrain vague dans l’un des quartiers les plus chers et les plus prisés de Paris. Le terrain a d’ailleurs été depuis classé comme inconstructible par la ville de Paris et ne pas mentionner cette légende dans l’acte de vente serait considéré comme un vice caché.
LE SCANDALE DE LA TOUR DE NESLE
Construite vers 1200 à l’emplacement actuel de l’Institut de France et détruite en 1663, cette tourelle fortifiée fut, en 1314, le théâtre d’un des plus grands scandales sexuels du Moyen Âge. En ce temps-là Philippe le Bel est roi et tente de maintenir le royaume de France à flots tout en anéantissant les Templiers et en se disputant avec le pape. Il a une fille, Isabelle, mariée à Edouard II d’Angleterre, et trois fils : Louis, Philippe, et Charles respectivement mariés à trois princesses Marguerite, Jeanne, et Blanche, qui font souffler un vent de jeunesse et de liberté.
L’histoire commence lorsque la jeune Isabelle offre à ses belles sœurs trois aumônières brodées à la main. Quelque temps plus tard, une grande fête est donnée par le roi, et au cours de celle-ci, Isabelle remarque que deux chevaliers – les frères Gauthier et Philippe d’Aunay – sont en possession des bourses de ses belles sœurs. Isabelle va tout de suite faire le rapprochement avec les ouïes dires et rumeurs entendus à la cour quelques temps auparavant et soupçonner ses belles sœurs d’avoir une liaison. Elle va confier ses inquiétudes à son père qui va rapidement ordonner qu’une enquête soit menée. Les frères d’Aunay vont être torturés et vont avouer leur relation adultérine. Rapidement la population et la cour ont vent de cette affaire et transforment cette simple histoire d’adultère en grosses nuits d’orgies et de débauches ; les belles-filles n’auraient plus un amant mais des dizaines….
Avec cette affaire, le trône de Philippe le Bel vacille ; la justice royale s’abat donc implacablement sur les amants. Marguerite et Blanche sont tondues et enfermées au donjon de Château-Gaillard en Normandie. Marguerite mourra dans sa cellule moins d’un an plus tard, et Blanche finira ses jours dans un couvent. Jeanne, seulement accusée d’avoir gardé le secret, est enfermée dans la forteresse de Dourdan. Elle est finalement libérée en décembre 1314 et reprendra sa place auprès de son époux à la cour de France ; ce dernier, lui offrira même la tour et l’hôtel de Nesle en 1319.
Les frères d’Aunay, quant eux, connaitront un véritable supplice : condamnés à être torturés et exécutés en place publique, ils sont battus, émasculés et ébouillantés. Ils sont ensuite traînés par des chevaux dans les rues de la ville avant d’être décapités.
L’infidélité des belles-filles de Philippe le Bel, fait historique avéré, a donné naissance à une légende qui n’est confirmée par aucun témoignage de l’époque. Selon cette légende, une reine de France se serait livrée dans la Tour à la débauche, avant de faire jeter ses amants à la Seine, enfermés dans des sacs. Le nom de la reine n’est pas précisé, mais la légende y verrait bien Jeanne de Bourgogne, la belle-fille acquittée de Philippe Le Bel.
LA CHÈVRE AMOUREUSE DU PONT SAINT-MICHEL
L’histoire se passe le 20 décembre 1593. En ce temps-là, le pont Saint-Michel est recouvert de maisons au rez-de-chaussée desquelles s’étaient établis des commerçants. A l’extrémité du pont se trouve un cordonnier et sa femme, surnommée la « belle cordonnière » en raison de sa grande beauté. En dépit de ses nombreuses grossesses, elle avait gardé une taille fine et un teint frais ; les hommes étaient surtout attirés par son opulente poitrine car la dame était nourrice.
Un beau jour, un jeune Napolitain poussa la porte de la boutique et tomba aussitôt fou amoureux de la nourrice. Après plusieurs tentatives de séduction infructueuses – la dame étant réputée très vertueuse et son mari très jaloux – l’italien consulta un sorcier qui connaissait le secret de fabrication des philtres d’amour : « Si tu veux rendre une femme amoureuse, sache que tu dois d’abord obtenir d’elle trois gouttes de lait de son sein. Après quoi tu les boiras en récitant telle invocation que je vais t’apprendre. Alors, foi de docteur, la demoiselle te courra aux trousses et ne te quittera plus, où que tu la conduises. »
Le Napolitain se déguisa alors en mendiant aveugle, alla chez le cordonnier et demanda, contre dix écus d’or, quelques gouttes de lait, pour calmer son œil qui le faisait atrocement souffrir. La femme était prête à lui donner son lait, alors que son mari émettait quelques réserves. Commun un clochard pouvait-il posséder dix écus d’or ? Cet homme était louche. Le cordonnier reboutonna le corsage de son épouse et se rendit dans la pièce voisine ; il préleva trois gouttes de lait auprès de sa chèvre. L’infirme ne verrait pas la différence. Après les avoir chaleureusement remercié l’italien rentra à son auberge, avala les trois gouttes en invoquant les sorts qu’on lui avait recommandés et attendit.
Une heure était à peine passée que la chèvre de la cordonnière, bel et bien ensorcelée, s’échappa de la maison, traversa tout Paris pour aller se ruer sur le Napolitain, et commença à lui prodiguer certaines caresses sous les yeux amusés des passants.
A la fin de cette histoire, l’homme fut condamné au bûcher pour usage de la sorcellerie. Il réussit à s’enfuir et regagna l’Italie. La légende prétend que la pauvre chèvre aurait traversé les Alpes pour retrouver son amour perdu. D’autres affirment que l’animal fut tué pour mettre un terme à sa folie.
ALLER AU DIABLE VAUVERT
De nos jours il est bon de se promener dans les Jardins du Luxembourg. Pourtant, au 11e siècle, c’était un des lieux les plus terrifiants de Paris ! Après la mort du roi Robert le Pieux, son palais, construit à l’actuel emplacement des Jardins, et à l’époque connus sous le nom de Vauvert (Val Vert), est laissé à l’abandon. Situé hors de Paris, brigands et mendiants viennent s’y réfugier et de là on entend des cris et gémissements, qui sont bien vite interprétés comme ceux du Diable.
Au 13ème siècle la mauvaise réputation de la demeure est intacte et a même tendance à s’amplifier. On y entend les rumeurs d’un diable de couleur verte, avec une longue barbe et un trident, circulant dans le château parmi d’autres fantômes et bêtes diverses. Louis IX, roi de l’époque, décide de céder le domaine aux moines chartreux de Gentilly. Lorsque les chartreux s’y installent, en 1257, les apparitions cessent. Les mauvaises langues suggèrent alors que les chartreux eux-mêmes ont simulé l’apparition de revenants pour forcer le don du roi, hypothèse défendue au 19ème siècle par Émile Littré. Aujourd’hui, l’hypothèse de brigands qui auraient utilisé la même ruse pour éloigner les curieux de leur repaire est privilégiée.
LE SAVIEZ-VOUS ? Cette histoire mémorable est restée dans la mémoire des Parisiens qui commencent, dès le 15ème siècle, à employer l’expression « aller au Diable de Vauvert ». Elle est encore utilisée aujourd’hui et signifie : « se rendre dans un endroit très lointain ».
LE FANTÔME DE L’OPÉRA GARNIER
C’est certainement la légende la plus connue de Paris. L’histoire commence non loin de l’Opéra, au conservatoire de la rue Le Peletier qui fut victime d’un gigantesque incendie le 28 octobre 1873. On raconte alors qu’un jeune pianiste, défiguré par l’incendie et inconsolable suite à la perte de sa fiancée, aurait pris les galeries souterraines pour se réfugier sous l’Opéra Garnier, alors en pleine construction, et s’y installer. C’est donc à l’intérieur du palais Garnier que l’homme, Ernest, séjourna jusqu’à sa mort. On dit qu’il consacra la fin de sa vie à son art et à l’achèvement de son œuvre, un hymne à l’amour et à la mort, originellement prévu pour son mariage.
Toutefois après son décès (on ne retrouva jamais son corps, qui a probablement été confondu avec les corps des communards), de curieux et dramatiques événements se produisirent… L’écrivain Gaston Leroux va d’ailleurs s’inspirer des faits suivants pour écrire son romain Le Fantôme de l’Opéra : le 20 mai 1896, lors d’une représentation du Faust de Gounod, le spectateur de la place n°13 de la grande salle perd la vie lorsque le grand lustre lui tombe dessus ; un machiniste est retrouvé mystérieusement pendu et une danseuse meurt après une chute depuis une galerie. Détail troublant, son corps est retrouvé sur la treizième marche du grand escalier… On dit enfin que les directeurs de l’époque devaient remettre 20 000 francs par mois à un mystérieux individu qui demandait par ailleurs qu’on lui réserve la loge N°5… loge encore visible aujourd’hui.
Une autre légende, alimentée par un réservoir d’eau situé sous l’édifice, parle d’un lac souterrain. Le pianiste amoureux, ayant perdu la raison, s’y laverait et mangerait les poissons nourris par les machinistes du lieu.
LE SAVIEZ-VOUS ? L’Opéra Garnier a été la 13ème salle d’opéra construite à Paris. Autrefois, ces salles étaient fréquemment la proie d’incendies causés par les « feux de la rampe ».
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LA MAISON HANTÉE DU 1 AVENUE FROCHOT
Cette avenue/impasse bordée de maisons et d’arbres, fermée par une haute grille noire fait rêver… et frissonner. Une légende raconte que la maison construite en 1823, dans le style néo-gothique et située au n°1, serait hantée. A l’origine cette maison appartenait au compositeur Victor Massé qui y vécu et mourut dans son lit, paralysé, victime d’une sclérose en plaque. Mais la malédiction débuta un peu plus tard lorsque la femme de chambre du directeur des Folies Bergère est retrouvée assassinée à coups de tisonnier dans les escaliers de la maison, au début du 20ème siècle. Le meurtre n’ayant jamais été élucidé, son esprit hanterait encore les lieux…
Morts violentes, assassinats, bruits sinistres et drôles de vibrations (l’avenue Frochot étant construite sur d’anciennes carrières, il est normal de subir quelques secousses et bruits sourds)… les propriétaires successifs de cette demeure auraient tous été victimes des tourments de la servante. Sylvie Vartan aurait rapidement fui la maison. Le journaliste et chroniqueur Mathieu Galey s’y sentait comme dans un « tombeau ». Ce dernier finit par y mourir, paralysé, tout comme le compositeur Victor Massé. Deux bonnes sœurs auraient elles aussi été assassinées au gourdin et leur assassin n’aurait jamais été retrouvé… Le dernier propriétaire, Patrick de Brou de Laurière, mécène très fortuné, finit par s’inquiéter de cette histoire de fantôme et fit exorciser la maison. Depuis le décès de ce dernier, la maison a été léguée à un professeur de médecine qui prétend ne jamais avoir vu ni entendu ce fantôme et s’amuse de cette légende.
LE VAMPIRE DE MONTPARNASSE
Été 1948. Dans plusieurs cimetières parisiens, François Bertrand, un jeune sergent de l’armée française de 25 ans, exhume et mutile des cadavres, se livrant à des actes de nécrophilie et de nécrosadisme…. Si son terrain de chasse préféré est le cimetière du Montparnasse, il ne dédaigne pas de temps à autre une excursion au Père Lachaise. Les Parisiens et la presse le surnomme le Vampire de Montparnasse tant il semble insaisissable et inhumain.
Les victimes sont toutes des femmes plutôt jeunes et très récemment décédées. Dénudés, les corps présentent des traces de tortures, sont très souvent mutilés, et à de nombreuses reprises on a retrouvé de la semence, supposant le viol. La rage du Vampire est telle qu’un corps sera entièrement démembré et retrouvé dispersé dans tout le cimetière du Père Lachaise.
Voilà déjà plusieurs mois que la Vampire échappe aux autorités… ces dernières prennent donc la décision d’installer un piège, une machine infernale près du mur d’enceinte du cimetière Montparnasse, là où des traces de boue indiquent son passage. Un fil métallique discret doit déclencher, s’il est heurté, un tir de mitraille, ce qui se produit dans la nuit du 15 au 16 mars 1849. Gravement blessé, le sergent Bertrand se réfugie à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce pour faire soigner ses blessures. C’est là-bas qu’il avouera alors ses actes à son médecin militaire, le Dr Marchal de Calvi.
Mis aux arrêts en juin 1849, il comparaîtra devant la cour martiale et ne sera condamné qu’à un an de prison pour violation de sépultures (les victimes ne pouvant pas exprimer leur non-consentement, le viol n’a pas été retenu…). Après avoir purgé sa peine, le Sergent Bertrand fut réintégré dans l’armée. En 1856, il semble se tenir tranquille : il se marie au Havre et effectue de nombreux petits boulots: commis, facteur, gardien de phare. Cependant, certains historiens lui attribuent deux violations de sépulture commises dans cette ville en 1867 et 1869 mais son nom ne fut pas évoqué dans les enquêtes.
PHILIBERT ASPAIRT, LA LÉGENDE DES CATACOMBES
Philibert Aspairt, portier à l’Hôpital Militaire du Val-de-Grâce, s’aventura dans les carrières le 3 novembre 1793. Probablement à court de lumière et d’eau, il se perdit et mourut. Une équipe de l’Inspection Générale des Carrières le retrouva 11 ans plus tard, dans une galerie située sous l’actuelle rue Henri Barbusse (autrefois appelée…rue d’Enfer). Il fut identifié grâce à son trousseau de clefs et aux restes de ses vêtements. En 1810, on fit ériger une stèle à sa mémoire sur le lieu même de la découverte de ses restes.
La proximité des carrières à la cave de l’ancien Couvent des Chartreux fit naître une légende : Philibert serait en fait parti à la recherche d’une de ces bonnes bouteilles qui firent la réputation de l’ordre religieux et se serait perdu en chemin…
Philibert occupe aujourd’hui une solide place dans la culture cataphile au point d’en être devenu le saint patron, fêté le 3 novembre. La tombe se situe à environ 1h30 de marche de l’entrée la plus proche.
Controverse : L’existence de Philibert Aspairt a plusieurs fois été remise en cause, aucun document officiel n’ayant jamais été retrouvé. Aux archives on trouve un acte de décès d’un certain Philibert Asper, carrier de 62 ans, qui serait mort sous la rue d’Enfer après être mystérieusement disparu de la maison familiale une dizaine d’années plus tôt. Des erreurs telles que le nom (Asper au lieu de Aspairt, erreur courante dans les actes d’état civil), l’emploi (carrier au lieu de portier) ou la date d’inhumation (la stèle indique 30 avril 1804 contre le 8 mai 1804 sur l’acte de décès, soit 8 jours d’écart – toutefois la différence de date peut provenir d’une mauvaise conversion des dates du calendrier républicain) conduisent certains sceptiques à demander à ce que les ossements soit exhumés pour prouver qu’il y a bel et bien un corps sous cette stèle. Peu probable que la ville de Paris accepte …
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L’HOMME A LA REDINGOTE
En juin 1925, Jean Romier, 24 ans, révise ses cours de médecine dans le jardin du Luxembourg, assis à côté d’un vieillard vêtu d’une redingote démodée. Ce dernier se présente à lui, Alphonse Berruyer, musicien, et l’invite à assister à un concert privé.
Le vendredi suivant, le futur médecin se rend chez monsieur Berruyer, au troisième étage, gauche, d’un immeuble rue de Vaugirard. Après avoir assisté au concert et passé une très bonne soirée en compagnie de son hôte et des amis de ce dernier, Jean Romier s’en va vers minuit. Il se rend compte alors qu’il a oublié son briquet. Il remonte, sonne, mais personne ne répond ! Le voisin réveillé par les tambourinements incessants à la porte voisine sort sur le palier ; ce dernier est catégorique, personne n’habite dans cet appartement depuis la mort de Monsieur Berruyer, il y a 20 ans ! La police s’en mêle et fait venir le propriétaire qui n’est autre que l’arrière-petit-fils d’Alphonse Berruyer, un certain Monsieur Mauger. En pénétrant dans l’habitation, Jean Romier fut frappé par le spectacle qui s’offrit à ses yeux : l’appartement était complètement désert. Non seulement il n’y avait personne, mais, plus étrange encore, il n’y avait plus aucun des meubles qui, quelques heures auparavant, garnissaient l’endroit.
Cependant, le regard de l’étudiant fut attiré par une photo jaunie et encadrée au mur. Elle représentait le séminariste, ami de Monsieur Berruyer, avec qui il avait discuté un long moment pendant la soirée ! Monsieur Mauger lui dit : « Cela m’étonnerait beaucoup que vous avez pu parler avec lui ce soir : c’était mon grand-oncle, mort en Afrique où il était missionnaire ! ». Mais le plus extraordinaire fut pour la fin : le jeune étudiant entra dans la pièce qui faisait office de fumoir et se dirigea vers la cheminée. A la stupéfaction générale, il trouva sous une épaisse couche de poussière ce qu’il a oublié plus tôt dans la soirée : son briquet !
Cette histoire hors de notre réalité a été rapporté au grand savant Albert Einstein qui aurait conclu cette affaire par ces mots : « Ce jeune homme a trébuché dans le temps… comme d’autres ratent une marche d’escalier. »
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