Le nom de Gustav Klimt est indéniablement associé à Vienne et à son art. Il est né, a vécu, travaillé et est mort dans la ville. Pour comprendre le rôle de l’œuvre de Gustav Klimt à Vienne, il faut jetez un bref coup d’œil à sa vie : Gustav Klimt (1862 à 1918) est l’un des peintres Jugendstil (Art nouveau) les plus célèbres d’Europe. En tant que tel, il est devenu l’un des représentants les plus populaires de l’art viennois. À la fin du 19ème siècle, Klimt a cofondé le groupe d’artistes Wiener Secession, un groupe rebelle de jeunes artistes qui s’est séparé de la très conservatrice Association des artistes autrichiens (Künstlerhaus).

Découvrez les meilleurs endroits pour voir ses peintures et autres créations et trouvez les principaux lieux de sa vie et de son travail, y compris ses studios, sa tombe et sa résidence finale.

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Le Baiser et Judith ©commons.wikimedia.org

Le Baiser et Judith au Palais du Belvédère

Si vous êtes à Vienne et que vous êtes intéressé par Klimt, la galerie du Belvedere supérieur doit être votre priorité absolue. L’exposition permanente présente Le Baiser et d’autres peintures célèbres de Klimt, comme Judith.

Avec Le Baiser, Klimt a créé l’une des pièces maîtresses de l’art viennois qui est vénérée à Vienne comme Mona Lisa l’est au Louvre parisien. Klimt stylise l’amour entre l’homme et la femme, dissolvant le portrait classique à travers un riche design ornemental. Le tableau représente un homme qui embrasse une femme sur la joue. L’auteur lui-même et sa compagne, Emilie Flöge, en sont probablement les modèles. Le couple se tient sur un tapis coloré de fleurs. Il ne s’agit plus du corps humain, mais de ce qui unit l’humanité et la nature : l’amour et la beauté.

Avec Judith, Klimt a créé un portrait unique de l’héroïne juive biblique Judith. Pour sauver son peuple de l’esclavage, Judith a d’abord séduit puis tué le chef assyrien Holopherne qui la désirait dans son sommeil. La peinture montre une femme triomphante et forte. Klimt a décrit Judith comme une personne très érotique dont le léger sourire révèle qu’elle a peut-être même aimé décapiter Holopherne. Si vous regardez de plus près, Judith montre plus de caractéristiques viennoises que moyen-orientales. En fait, elle ressemble beaucoup à Adèle Bloch Bauer ! Quant à l’utilisation des couleurs, Klimt a utilisé la palette de l’art égyptien ancien, comme l’or du soleil et le noir ébène.

Beaucoup de monde veut voir Le Baiser, alors allez-y tôt ou attendez-vous à faire la queue.

Qui était Adèle Bloch Bauer ? Si vous regardez le film La femme au tableau de Simon Curtis (2015), vous le saurez. En fait, Adèle était une Autrichienne aisée, l’épouse d’un fabricant de sucre local et la fille d’un directeur de banque. Son mari était l’un des mécènes de Klimt. Inspiré par les mosaïques de la basilique Saint-Vital, à Ravenne, et plus particulièrement celle représentant l’impératrice Théodora (6ème siècle), Klimt crée avec le portrait d’Adèle Bloch-Bauer un monument à la gloire de la beauté féminine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont saisi le tableau. Le tableau a séjourné jusqu’en 2006 au musée du Belvédère à Vienne. Au terme d’une longue bataille juridique, il a été rendu, à Maria Altmann, la nièce d’Adèle et héritière légitime. Finalement, le milliardaire Ronald Lauder a acheté le tableau la même année pour 135 millions de dollars. Elle est devenue la deuxième œuvre d’art la plus chère du monde. L’œuvre est exposée désormais à la Neue Galerie à New York. Adèle Bloch-Bauer est le seul modèle que Klimt a peint deux fois puisqu’il existe un second tableau la représentant, Adèle Bloch-Bauer II, réalisé en 1912 (tableau vendu par la maison d’enchère Christie’s pour 88 millions de dollars).

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Frise de Beethoven – Mur central : Les puissances hostiles ©commons.wikimedia.org

La Frise Beethoven au palais de la Sécession 

La monumentale Frise Beethoven de Klimt introduit la période dorée de Klimt et met en scène la célèbre interprétation de Richard Wagner de la 9ème symphonie de Beethoven. Cette frise représente l’aspiration au bonheur (symbolisée par les figures féminines libérées de la pesanteur terrestre et flottant dans l’air) de l’humanité souffrante, qui cherche son apaisement dans les arts. Pour trouver le bonheur, l’homme doit donc combattre des puissances ennemies qui sont aussi bien externes que dues aux faiblesses internes. De gauche à droite :
– les trois gorgones, filles du géant Typhon (singe monstrueux possédant une queue de serpent et des ailes) avec, derrière elles, la maladie, la folie et la mort,
– le géant Typhon avec la volupté, la débauche et l’intempérance,
– le tourment dévorant (la fille prostrée).

Frise de Beethoven – Mur de droite : Les Arts – Chœur des Anges du Paradis – Baiser du couple  ©commons.wikimedia.org

Les personnages féminins symbolisent les Arts, qui guideront l’Homme et l’aideront à s’extirper des souffrances terrestres. La joie, le bonheur et l’amour s’épanouiront pleinement dans l’union de tous les arts et notamment la poésie ; cet hymne à la joie est représenté dans l’étreinte d’un baiser – « Ce baiser au monde entier ».

Klimt a créé cette frise de 34 mètres de large sur 2 mètres de haut pour la 14ème exposition de l’Association des artistes plasticiens de la sécession d’Autriche en 1902, consacrée à l’œuvre de Ludwig van Beethoven. Les femmes nues et les expressions choquantes de la mort, de la folie et de la maladie ont provoqué l’indignation de nombreux Viennois et du grand public. La frise couvre trois murs d’une grande salle du sous-sol à la Sécession.

Frise de Beethoven Mur de droite : L’aspiration au bonheur (figures féminines flottants dans l’air) trouve son apaisement dans la poésie ©commons.wikimedia.org
Frise de Beethoven – Mur de gauche : l’humanité faible (représentée par le couple à genoux et la femme qui prie derrière eux) implore l’homme fort et armé de s’engager dans la lutte pour le bonheur. Les deux figures féminines derrière le chevalier représentent la compassion et l’ambition. ©commons.wikimedia.org

LE SAVIEZ-VOUS ? Le grand escalier central du Kunsthistorisches Museum est orné de peintures murales de Gustave et Ernst Klimt et de Franz Matsch, qui représentent l’histoire de l’art de l’Égypte ancienne jusqu’aux temps modernes.

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L’attente – L’arbre de la vie – L’accomplissement ©commons.wikimedia.org

L’attente, l’arbre de Vie et l’Accomplissement au musée des arts appliqués

En 1904, un riche banquier belge Adolphe Stoclet commande à Klimt la réalisation des mosaïques murales de la salle à manger d’un luxueux palais qu’il construit à Bruxelles sur les plans de l’architecte Hoffman. Dès 1905, Klimt imagina cette fresque. Il réalisa d’abord des esquisses puis peint son œuvre sur une toile (cette dernière est aujourd’hui exposée au Musée des Arts appliqués de Vienne). Toute la richesse décorative de Klimt éclate dans ces trois panneaux, L’Attente, l’Arbre de Vie et dans L’Accomplissement qu’il réalise. C’est un artiste marbrier qui réalisera la version murale, aujourd’hui inaccessible car le Palais Stoclet à Bruxelles est privé. Cette fresque fait partie du « cycle d’or » commencé en 1902-1903.

L’Arbre de Vie est la partie centrale de la fresque ; situé au centre du Paradis terrestre il est utilisé comme arrière-plan dans l’Accomplissement et dans l’Attente. Ses branches se séparent et occupent tout l’espace du tableau pour se finir en spirales, symboles du cycle de la vie (avec le commencement et l’aboutissement d’un processus) mais aussi représentant la complexité des caractères humains, toujours agités d’humeurs contraires. En chacun de nous résiderait le meilleur comme le pire.

Inspirée par l’art byzantin, l’esthétique radicale de l’arbre est empreinte de symbolisme, avec ses branches en spirales. Ses volutes dorées sont ornées de faucons Horus et d’yeux d’Horus, ainsi que de fleurs et de feuilles fortement stylisées, qui s’inspirent très probablement de la collection égyptienne, antique et byzantine du palais Stoclet.

La partie droite de la fresque représente l’Attente. On y découvre une femme, une danseuse richement parée : elle porte une robe pleine de dorures et est couverte de bijoux.
La posture des mains de la danseuse souligne sa coiffure décorative qui, tout comme son bracelet, rappelle les motifs de la Wiener Werkstätte (association d’artistes et d’artisans Viennois). La danse est un langage au-delà des mots. Son but consiste à dépasser la nature duelle du monde pour redécouvrir l’unité primordiale. Le corps et l’esprit sont à l’unisson et se rejoignent dans l’extase.

La partie gauche de la fresque symboliserait l’amour, et donc l’Accomplissement. Un homme et une femme s’embrassent profondément. Mais, comme avec Le Baiser, le vrai message réside dans les ornements qui les recouvrent presque entièrement. Les formes circulaires (vieux symboles égyptiens du dieu soleil) ornant le vêtement masculin évoquent le ciel tandis que les formes rectangulaires embellissant le vêtement féminin sont en rapport avec la terre. Contrairement au couple de la frise de Beethoven, l’homme symbolise ici le principe actif qui s’unit au principe passif représenté par la femme – l’homme et la femme ne font qu’un.

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La Vie et la Mort au Musée Léopold

Le Musée Léopold est peut-être le plus célèbre des musées pour sa collection Egon Schiele. Mais son exposition permanente comprend également une section consacrée à Klimt.
Les nombreuses œuvres exposées incluent le tableau La Vie et la Mort qui montre le cycle sans fin de la vie et de la mort.

Lorsque Klimt peint cette toile, il se sent vieillir (il mourra d’ailleurs quelques années plus tard). À droite, la vie est représentée à tous les âges de l’homme et surtout de la femme. La surreprésentation des femmes dans la peinture pourrait désigner les femmes comme la source de toute vie. Les corps s’enchevêtrent avec sensualité dans une certaine sérénité. La présence de l’enfant, mis en valeur, montre la fertilité et le cycle de la vie. A gauche, la mort est enveloppée d’un manteau plein de croix, elle se tient prête à frapper à tout instant. C’est avec des yeux gourmands, que la mort regarde la vie.

La vie prend beaucoup plus de place que la mort, qui a ici un rôle de voyeur et qui semble attendre avec impatience le moment où elle prendra leur vie et leur bonheur.

Peint en 1910, le tableau a reçu le premier prix à l’Exposition internationale d’art de Rome un an plus tard. En 1915, il a révisé des parties de la peinture, comme l’arrière-plan et certains des ornements, passant des tons or à des tons bleu foncé, kaki, vert faisant ressortir le contraste entre les couleurs froides de la mort et les couleurs chaudes de la vie.

Certains verront dans cette toile une représentation plutôt apaisante de la mort, d’autres, au contraire, y percevront le caractère imprévisible de la faucheuse. Ces deux interprétations se mêlent, comme la vie et la mort se mêlent en nous comme deux réalités intimement liées l’une à l’autre. La mort existe car il y a de la vie, la vie existe car il y a de la mort.

La section Klimt présente également une reproduction authentique de son atelier et une exposition consacrée à la vie et au travail de sa compagne, amante et muse de longue date, Emilie Flöge.

LE SAVIEZ-VOUS ? Le palais Albertina présente près de 170 dessins et croquis de Gustav Klimt, réalisés à la craie, au crayon ou aux crayons de couleur, parfois avec un stylo ou des aquarelles et de la peinture dorée.

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Hermesvilla ©wallpaperflare.com

Les peintures de l’Hermesvilla

L’Hermesvilla est une résidence d’été construite dans les années 1880 pour l’impératrice Elisabeth dans le parc boisé de Lainzer Tiergarten ; la villa est ouverte au public. Klimt a travaillé avec son frère et Franz Matsch sur des peintures au plafond que vous pouvez voir dans la chambre et le salon de l’Impératrice.

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Nuda Veritas à l’Österreichisches Theatermuseum 

Si elle n’est pas en route pour une exposition temporaire, la peinture de Klimt Nuda Veritas (La vérité nue) de 1899 est exposée au Theatermuseum de Vienne.

Ce tableau est une version agrandie de la petite figure de Niké, personnification de la Victoire, que l’on trouve sur le tableau de Klimt Pallas Athéna (1898). La femme tendant ici au spectateur le miroir de la vérité. Le serpent à ses pieds peut être interprété comme un puissant symbole sexuel. L’inscription placée en haut est une citation du grand poète et dramaturge allemand Friedrich von Schiller : « Si l’on ne peut par ses actions et son art plaire à tous, il faut choisir de plaire au petit nombre. Plaire à beaucoup n’est pas une solution. » Cette phrase illustre la nouvelle voie dans laquelle Klimt s’engagea à la fin des années 1890 par son adhésion à la Sécession.

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Pallas Athene au Wien Museum

Le Wien Museum (le Musée de Vienne) focalise son intérêt artistique sur les années 1900. Cela inclut naturellement Klimt, représenté, par exemple, dans son portrait d’Emilie Flöge de 1902.

Le musée présente également l’huile sur toile Pallas Athene (1898). Athéna est la divinité mythologique privilégiée par les peintres du mouvement dit de la Sécession autrichienne ; Klimt cherche à retrouver chez la déesse, la force essentielle et substantielle de l’art grec antique dans ses peintures mais aussi à se rapprocher avec le plus grand soin de l’armure (Égide) d’Athéna, telle que décrite par Homère dans l’Iliade.

Sous le visage de la déesse, une gorgone tire la langue. Athéna tient sa lance de la main gauche et serre en sa main droite la statue de Niké (personnification de la victoire) que Klimt traite d’une manière non usuelle puisqu’il la représente nue, avec une chevelure rousse. Ce même personnage sera utilisé par l’artiste dans les deux versions de Nuda Veritas en 1899.

Cette œuvre fondatrice pour Gustav Klimt préfigure de nombreux tableaux où les femmes érotiques dominent au milieu de décors aux détails finement ciselés et teintés de couleurs chaudes et vives. Cette oeuvre peut également symboliser l’émancipation de l’artiste par rapport à l’art académique officiel ; Athéna mène des guerres et Klimt identifie cette lutte à celle menée pour la liberté de la Sécession viennoise.

Le Wien Museum est fermé pour travaux depuis le 04 février 2019 et ce pas avant au moins 2022. Pendant ce temps, les expositions seront transférées au MUSA, à côté de l’Hôtel de Ville de Vienne.

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Klimt Villa ©commons.wikimedia.org/Manfred Werner

Vie de Gustav Klimt à Vienne : les principaux points de repère

Klimt est né au 247 Linzer Strasse dans l’actuel 14ème arrondissement de Vienne. Malheureusement, il ne reste plus rien de la maison d’origine. Il passa son enfance dans la Neubaugasse 54. Sa résidence finale était au n°36 de la Westbahnstraße dans le 7ème arrondissement (il vécut avant dans la Burggasse 47). C’est dans cette dernière résidence qui’il subi un accident vasculaire cérébral. Klimt a été amené à l’ancien hôpital général de la Alser Straße dans le 9ème arrondissement. Il y mourut le 6 février 1918. L’hôpital est maintenant un ensemble de bâtiments universitaires, de bars et de boutiques (et abrite un marché de Noël en hiver).

Concernant ses ateliers de travail, le Stuckgasse 6 fut l’un de ses premiers ateliers avant la création de la Company of Artists en 1883. Le premier studio commun avec Ernst Klimt et Franz Matsch était situé au Sandwirtgasse 8.  Dans la Florianigasse 54 se situe le studio mansardé loué par Klimt où il aurait terminé les peintures controversées de la Faculté qui auraient été détruites par un incendie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La Villa Klimt était son dernier atelier, qu’il a utilisé de 1911 à 1918. Elle est maintenant ouverte au public en tant que musée de la vie de Klimt, avec une reconstitution authentique du mobilier et du décor tels qu’ils étaient autrefois.

Klimt est enterré dans le cimetière Hietzinger dans le 13ème arrondissement de Vienne (Maxingstraße 15), jouxtant le parc du célèbre château de Schönbrunn. Il a une tombe honorifique bien entretenue (numéro 194/195 – groupe 5).

©commons.wikimedia.org/Herzi Pinki

DÉCOUVREZ LA CASA PICCOLA En 1904, Emilie Flöge, la compagne de Klimt, et ses sœurs, Hélène et Pauline, ont ouvert un salon de mode, élégamment aménagé par la Wiener Werkstatte, à la Casa Piccola de Vienne (Mariahilfer Straße 1a.) Cette entreprise (inhabituelle pour les femmes à l’époque) a été rendue nécessaire par le déclin financier de la famille Flöge Autrefois prospère et par le fait que les sœurs, dans la trentaine, étaient trop âgées pour être considérées comme des perspectives maritales raisonnables.

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